9 août 1913 : L’abbé Marot, vicaire de la paroisse, dépose à la sous-préfecture de Bayonne les statuts d’une nouvelle association “Les Croisés de Saint-André“. Ces statuts sont signés par l’abbé Marot, secrétaire, et le curé Sagardoy, président.
L’abbé Marot, depuis 1907, s’occupe énormément des jeunes, le jeudi après midi, l’hiver, dans un local de l’école des filles, rue de la Visitation ou sur les terrains militaires de Mousserolles, devant la “Nautique” ; et l’été, c’était l’envolée par bande de 30 ou 40 vers la Croix de Mouguerre ou la vieille route d’Hasparren. Et au retour, l’abbé payait royalement le verre de limonade dans une buvette de Saint-Pierre.
1913 : l’abbé prit la direction du “Patronage”, imitant d’ailleurs les patronages voisins des Chérubinots (en 1908) et la Vigilante (en 1909).
1913 : pour les Croisés, un terrain fut aménagé, clôturé, équipé de portiques et sautoir, en haut de la Côte de Mousseroles. Dans une baraque voisine, deux salles claires étaient à la disposition du Patro.
Dès 1913, une section d’athlétisme fut formée qui organisa une course à pied et un challenge qui fut un succès. Le 10 novembre 1913, la section de gymnastique des Croisés participe pour la première fois à une séance récréative et artistique. 1914, la gymnastique est à l’honneur avec un premier prix au concours régional de Dax.
Puis c’est la guerre, les locaux sont réquisitionnés et plus de section de gymnastique. L’abbé Marot est mobilisé à son tour. Après la guerre, les éléments des Croisés sont de nouveau regroupés, et le Patro repart de plus belle.
Mais à cette époque, le Patro, c’est aussi une ”Clique” dès 1913, et bien que composée de 4 tambours et de 3 clairons, elle défile en 1914 à la procession de la Fête Dieu… Et précédée de sa petite troupe de ”Petits Marins”.
Ces Petits Marins, la relève du Patro, sont de toutes les sorties de la Clique ou de l’Harmonie. En 1921, certains Petits Marins jouent du fifre.
Comment ne pas évoquer la célèbre silhouette du dévoué Amédée Poisson qui veillait à la bonne marche de cette troupe ? Comment ne pas évoquer aussi son ”adjoint” au contrôle des tickets du cinéma du Foyer, Jeannot Arramendia, tout aussi dévoué au Patro?
Il faut avoir aussi une pensée pour la couturière de la Musique, Claudine Pécastaings.
Il faut songer également à celle qui fut appelée la ”marraine” du Patro, la dévouée Madame Alvarez.
La Clique, dès 1922, sous la direction de M. Fresneau (père), devint la plus belle de la région. En 1951, la Clique des Croisés est championne de France, titre décroché à Nantes. Clique et Harmonie participeront à de nombreux championnats fédéraux, dans les années 50-60, à Lille, Metz, Saint Etienne, Paris, Dinard.
A Dinard, en 1961, la Musique des Croisés mettra, pour le plaisir, l’ambiance aux Fêtes de Bayonne, dans les rues de la ville… La Banda ”Lous Tilholès” était déjà née et la Musique bien au point.
La Clique et l’Harmonie sont une des identités du Patronage, identité bien sonore de la paroisse lors des processions de la Saint Léon ou de la Fête Dieu, mais aussi tradition oblige, lors de l’aubade de la première heure du Nouvel An. Aubade très appréciée dans le quartier.
Mais l’éparpillement de la jeunesse (études, service militaire, l’habitat extra-muros…) sera la cause de la mise en sommeil progressive des activités de la Musique jusqu’en 1968.
Pourtant, si la Musique disparaît, une autre forme de Musique apparaît en 1960 : la création d’une ”Banda” au départ avec des musiciens des Croisés, associés à une joyeuse équipe du Petit-Bayonne, l’une des plus célèbres bandas de Bayonne, ”Lous Tilholès”. Cette banda prend, dès 1961, son autonomie vis-à-vis des Croisés, et lorsqu’elle suspend ses activités en 1964, c’est alors la relève des musiciens des Croisés, en 1965, qui reprend le flambeau.
Les Croisés, c’est aussi la présence aux Fêtes de Bayonne en 1958 et 1959 avec deux chars, dont le célèbre ”Pont de Rivière Kwai” et l’année suivante les ”Sports d’Hiver” chars construits, animés par les Croisés et accompagnés de la Musique des Croisés.
Louis Etcheto se souvient des premières Fêtes de Bayonne: Elles ont débuté en 1932, ces belles fêtes : « J’ai été libéré du service en 33, j’ai donc pris les Fêtes en cours de route. A l’époque, les premières Fêtes de Bayonne avaient été organisées par Jean Noguès et sa bande de copains du rugby de l’Aviron Bayonnais et la banda des Croisés de Saint-André. Ça n’avait pas l’ampleur d’aujourd’hui mais on s’amusait différemment, les endroits de la fête étaient différents eux aussi. On se rassemblait le matin dans le Petit-Bayonne pour participer à quelques jeux. Il y avait des courses de sac, le mât de cocagne et les courses de vaches.
Puis le quartier du Petit -Bayonne était déserté au profit du centre-ville et surtout de la mairie. Là, les gens se rassemblaient sous les arceaux Port-Neuf ou encore au Café Farnié, au Café du Grand Balcon, au Café de la Brasserie et au Café du Théâtre. La fête se concentrait là pour la soirée et les gens chantaient, dansaient et faisaient des batailles de confettis. C’était bon enfant. »
Pour aider la trésorerie du Patro, une solide vocation artistique et récréative va voir le jour dès 1913 dans les salles de l’Arsenal, puis du Foyer de Saint-André.
10 novembre 1913 : c’est la première séance récréative des Croisés. Au programme, quatre sketches comiques, entrecoupés d’auditions musicales. Et ce dans la salle des fêtes, en fait une scène démontable installée dans le préau de l’école libre de l’Arsenal, construite selon les directives de l’Abbé Marot. Ce n’est que vers 1936-37 que le chanoine Goyeneche fit aménager la salle du Foyer, place Saint-André.
Par la suite, les séances récréatives vont devenir annuelles.
Toutes ces séances étant agrémentées des acrobaties ou des mouvements de gymnastique des athlètes des Croisés, qui selon les saisons présentent un spectacle en petits marins ou en boxeurs 1900, ou bien des numéros de main à main qui forcent l’admiration d’un public toujours très nombreux en ces occasions.
Mais ce qui restera gravé dans toutes les mémoires, c’est la séance récréative de 1958, l’immense succès de ”Vues…et Revue” ou un magnifique panorama de l’actualité bayonnaise en une série de sketches, écrits par J. Bente, décors de A. Kervadec, et mise en scène d’André Béhotéguy.
La troupe Théâtrale des Croisés se met en sommeil en 1958, et pourtant en 1966 elle reprend du service avec l’interprétation de ”Georges et Margaret”. Mais la section théâtrale suit elle aussi, l’exemple d’autres sections qui, faute de participations, tombent en léthargie.
Pour toutes ces séances récréatives, il faut citer l’accompagnement musical toujours présent et sans faille : l’Orchestre André Saint, créé sur l’initiative d’André Sallaberry.